Une maman ne s’endort pas, elle s’inquiete juste avec les yeux fermés…

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  LA RUPTURE FAMILIALE

 

On peut alors se mettre à douter de soi même, de sa valeur et de sa place dans la famille ou dans

la société et de sa capacité à avancer dans la vie.

Voilà 18 ans que j’ai rompu tout lien avec ma famille. Cette envie de fuir était là depuis bien

longtemps. Partir loin de cette maison, loin de ces murs, loin de ce silence qui m’étouffaient !!

Alors je suis partie parce que c’était mieux comme ça.

A 19 ans, je prends la décision de partir. Je n’ai pas forcément conscience à cet instant que ça va

être la plus belle décision que j’ai faite dans ma vie.

Je pars et mon traumatisme est toujours présent car je n’ai, à ce moment là, jamais été suivie par

un psychologue.

Mais je suis loin de cet appartement où j’ai été violée alors je me sens déjà mieux. Quelque mois

plus tard va se développer en moi ce qu’on appelle médicalement le syndrome de Stockholm.

Le syndrome de Stockholm est un phénomène psychologique observé chez des

otages ayant vécu durant une période prolongée avec leurs geôliers et qui ont

développé une sorte d’empathie, de contagion émotionnelle vis-à-vis de ceux-ci,

selon des mécanismes complexes d’identification et de survie.

Pendant presque dix ans je vais essayer de revenir au domicile familial et me faire pardonner.

Concrètement, aux yeux de ma famille j’étais responsable de ma situation actuelle, c’est à dire

de la position d’être reniée.

Que vous dire de l’isolement ? Ce sentiment où tu finis par te dire que tu n’es qu’un déchet de la

société mis à l’écart et privé de tout. Je ne peux compter le nombre de fois où j’ai passé seule les

fêtes que nous sommes sensés passer en famille.

Le ramadan, l’Aïd el fitr, Aïd el kabir, les naissances, les mariages, les anniversaires… je ne saurais

même plus dire l’âge qu’ont les membre de ma famille. J’en ai tellement pleuré…

Un jour je me suis réveillée un matin ,ma fille aînée Nezha était à mes côtés. Pendant quelques

secondes je ne savais plus qui j’étais ni où j’étais. Quand ma fille m’a demandé si ça allait, j’ai

repris mes esprits. J’étais tellement tourmentée que même mon cerveau s’est mis en pause

durant quelques secondes. Je ne souhaite vraiment à personne de vivre ce genre de situation.

Ça a été une période extrêmement difficile.

S’il y a bien une personne qui m’a permis d’avancer et de ne pas baisser les bras malgré les

difficultés c’est ma fille Nezha je ne la remercierais jamais assez pour son soutien.

Un jour, je me suis effondrée devant elle. Âgée seulement de trois, elle court me chercher un

mouchoir et essuie mes larmes en me disant de sa petite voix : « ça y est maman, pleure pas.

C’est fini ».

Ce jour là je me suis dit « mais si je m’effondre, qui va prendre soin d’elle ? ». Nezha ne méritait en

aucun cas que je l’abandonne. Donc je me suis battue de toute mes forces pour qu’on puisse

s’en sortir toutes les deux. Elle a su me donner une force incroyable.

Je protégerai toujours cette petite fille qui m’a accompagnée tout au long de mon périple. Je

l’aime plus que ma propre personne. C’est avec ces derniers moments que je vous laisse.

Le prochain article parlera de la Résilience.

Ça a été un plaisir d’écrire cet article et il y en aura d’autres. J’espère que ça vous a plu.

Un grand merci aux personnes qui prennent le temps de lire et de partager ; ça me touche

énormément.

À bientôt

Amal